Un miroir ne suffit pas : rouge ou blanche, la gorge ne dit pas si l’ennemi est un virus ou une bactérie.
L’angine touche des millions de personnes chaque hiver et se résume souvent à une inflammation des amygdales avec mal de gorge soudain, parfois une fièvre élevée et des ganglions cervicaux douloureux. Or, la majorité des angines sont virales et ne répondent pas aux antibiotiques, quand l’angine à streptocoque exige un traitement précis pour éviter les complications. La différence ne se lit pas à l’œil nu, elle se prouve avec un test de diagnostic rapide.
Voici la règle simple : d’abord comprendre pourquoi les signes cliniques trompent, ensuite s’appuyer sur le score de McIsaac et le test de diagnostic rapide, enfin traiter juste — antibiotiques si preuve de streptocoque, traitement symptomatique dans les autres cas.
Angine virale ou bactérienne : pourquoi les symptômes ne suffisent pas
Les signes se ressemblent et c’est tout le piège. Mal de gorge soudain, inflammation des amygdales, fièvre élevée, ganglions cervicaux sensibles : ces indices existent dans les deux formes. Même les sécrétions purulentes sur les amygdales, souvent prises pour une preuve de bactérie, sont fréquentes dans les angines virales.
Les repères “couleur” ne valent pas verdict. Une angine “blanche” (érythémato‑pultacée) est majoritairement virale, tout comme beaucoup d’angines “rouges”. Les symptômes respiratoires comme la toux ou le nez qui coule orientent vers le virus, mais ils n’excluent pas une bactérie.
Exemple parlant : un adulte fiévreux avec plaques blanchâtres aux amygdales et adénopathies peut être viral un jour, streptococcique le suivant. C’est la même scène clinique, mais deux stratégies différentes ; voilà pourquoi se fier aux seuls signes mène à l’erreur.
Certains pensent qu’une fièvre élevée et des sécrétions purulentes suffisent à “trancher”. Mauvais calcul : sans preuve, on expose à des antibiotiques inutiles ou on rate une angine à streptocoque. La suite logique est donc le test.

Score de McIsaac et test de diagnostic rapide : la méthode qui évite l’erreur
Le clinicien commence par un tri structuré. Le score de McIsaac agrège des critères simples : fièvre élevée, absence de toux, amygdales augmentées ou avec sécrétions purulentes, ganglions cervicaux douloureux, et l’âge. Dès que le score atteint un seuil (habituellement 2 à 3), le test de diagnostic rapide s’impose pour rechercher le streptocoque du groupe A.
Le geste est court et fiable. Un écouvillon frotte les amygdales, la bandelette immunologique réagit en quelques minutes, et le résultat oriente immédiatement la conduite à tenir. Positif : preuve de streptocoque. Négatif : viral probable et traitement symptomatique.
Léna, 12 ans, arrive avec mal de gorge soudain, 39 °C, sans toux. Score élevé ; le test de diagnostic rapide est fait sur‑le‑champ. Résultat positif : antibiotiques adaptés, école retrouvée sans risque de complications. Son frère, même tableau mais test négatif : repos, antalgiques, hydratation ; la guérison survient en quatre à cinq jours.
Objection fréquente : “Perdre du temps avec un test retarde le traitement.” C’est l’inverse. Le résultat en cinq minutes évite une antibiothérapie inutile et permet, en cas de streptocoque, de traiter vite et bien. La décision éclairée commence ici.
Le message est clair : le couple McIsaac + test de diagnostic rapide transforme une supposition en certitude exploitable.

Choisir le bon traitement : antibiotiques prouvés ou traitement symptomatique ciblé
Quand le test de diagnostic rapide confirme un streptocoque, les antibiotiques sont indiqués. L’amoxicilline est souvent prescrite en première intention en l’absence d’allergie, sur une durée courte et précise. Un traitement complet limite la contagiosité et prévient l’abcès péri‑amygdalien et le rhumatisme articulaire aigu.
Si le test est négatif, on mise sur le traitement symptomatique : paracétamol pour la douleur et la fièvre élevée, hydratation, alimentation tiède, repos. Les antiseptiques et sprays irritants sont à éviter sans avis, alors que le miel peut apaiser hors contre‑indication. L’angine virale régresse en quelques jours.
L’enjeu dépasse l’épisode aigu. Prescrire des antibiotiques sans preuve alimente l’antibiorésistance et aggrave les tensions d’approvisionnement constatées certains hivers. À l’inverse, retarder un traitement prouvé face à un streptocoque expose à des complications évitables.
Quand reconsulter ? Si la douleur s’intensifie, si des difficultés à ouvrir la bouche ou à avaler surviennent, ou si la fièvre élevée persiste au‑delà de 72 heures. Ce sont des signaux d’alarme, pas des diagnostics ; le test reprendra la main.
La règle d’or tient en une phrase : preuve microbiologique, traitement juste ; pas de preuve, traitement symptomatique et surveillance rapprochée.